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Exaltations et pérégrinations asiatiques

Des étoiles plein les yeux

21 Mars 2011, 22:43pm

Publié par Aurélie et Julien

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P1110683Comme toujours dans ce pays nous prenons notre bus à 4 heures du matin. Réveil difficile. Arrivés a la mi-journée dans la charmante bourgade de Kalaw, nous profitons de l’après-midi pour comparer les différentes offres de trekking. Nous décidons de partir pour 3 jours avec un groupe de 4 jeunes français rencontrés dans le bus qui ont opté pour la même agence que nous.

Vraisemblablement cela a froissé la guesthouse dans laquelle nous logeons (car nous avons refusé leur offre) et hasard ou coïncidence, je ne retrouverais jamais le linge que j’avais étendu sur la terrasse. Quoi qu’il en soit, nous prenons la route qui doit nous mener jusqu’au lac Inle en 3 jours. Dès le premier jour nous traversons de nombreux paysages devant lesquels nous sommes en admiration. Ici pas de forêts ravagées. Dans le premier village que nous traversons, une vielle dame est en train de battre le riz pour décrocher le grain de ses enveloppes de son. Nous nous installons quelques instants avec elle, ses deux filles et leurs enfants. L’ambiance est guillerette, les femmes ont l’air content de nous voir et nous en profitons pour prendre quelques photos en échange de quelques échantillons de shampoing et de savon. Aux alentours de midi, nous arrivons dans un gros bourg de 600 habitants. Aux abords de la gare ferroviaire, des femmes vendent du thé des montagnes. Nous nous arrêtons pour en acheter un peu. Très amusées par notre apparence, elles rient en regardant mon piercing au nez et s’amusent à toucher le duvet blond sur mes bras.

En fin de journée nous rejoignons le hameau de Sinlai. Nous prenons nos quartiers dans le monastère, accueillis par un moine plutôt original qui aime beaucoup plaisanter et tient absolument a me faire danser devant lui… no comment !

Avant que la nuit ne tombe, nous profitons de la lumière rougeoyante si propice aux photos pour aller faire un tour dans le village. Les plus heureux de notre présence sont bien entendu les enfants. Leurs voix et leurs rires raisonnent, mais tandis que nous jouons avec eux l’obscurité se fait, et nous devons revenir au monastère. Le repas est déjà prêt. Le cuisinier qui nous accompagne a  concocté un succulent repas constitué de riz montagnard (de couleur rouge) et de divers curry. Julien peut enfin déguster la bière qu’il transporte depuis le départ, malgré le poids de son sac (il porte aussi mes affaires !)…  Le monastère est dans le noir complet et au dessus de nos têtes le ciel brille de mille éclats.  

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P1110603IMG 6231Quand j’ouvre les yeux ce matin là, un moine se tient derrière nous et récite des incantations. Sa psalmodie est lancinante, à mi-chemin entre un chant et une prière.

Les deux journées suivantes se déroulent de la même façon. Nous rencontrons de nombreuses ethnies différentes (que nous pouvons reconnaitre à leurs costumes traditionnels). Le second soir nous logeons chez une famille, au sein de leur maison. Comme le font les habitants eux-mêmes, nous nous lavons dans la cour à l’aide d’un seau directement dans l’eau du puits. Nous ne sommes plus qu’a une grosse demi-journée du lac Inle, et nous devons partir au petit matin sans tarder. Quand nous arrivons au lac, un bateau nous attend. Le niveau du lac extrêmement bas en cette saison (car nous sommes au cœur de la saison sèche) découvre de grandes bandes de terres permettant aux agriculteurs de profiter de terres riches en limons, on appelle cela les jardins flottants. Nous naviguons par les canaux entre les jardins afin de rejoindre le cœur du lac et observer les pêcheurs aux barques si particulières. Le batelier se tient à l’avant faisant avancer le bateau d’un mouvement de hanche à l’aide d’un bâton de bois. A l’arrière, on peut observer une immense nasse à poissons. Nous arrivons enfin à Nyiaugngshwe, ravis de retrouver un vrai lit pour passer la nuit.

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                                                                                              Julien joue les infirmieres

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Apres deux jours nous descendons vers notre dernière étape, le rocher d’or. En route, nous faisons escale pour une journée dans la ville de Bago, ancienne capitale birmane. Une personne de notre hôtel nous propose d’être notre guide et chauffeur. Cela tombe bien, avec la nuit que nous venons de passer dans un bus inconfortable (pléonasme en Asie), nous avons envie de faire au plus simple et de nous laisser porter. Ce guide s’avérera être une personne d’excellente compagnie : sevrés d’internet et d’information, c’est lui qui nous apprendra le début des insurrections en Lybie. La BBC, chaine d’anglaise d’information diffusée en birman sur des ondes clandestines, permet ainsi a certaines personnes de se tenir au courant de l’état du monde. Comment oublier ce guide, parlant a voix basse, qui nous confiait sa joie de voir tout ces peuples se retourner contre leurs  illégitimes gouvernements… Il est alors prolixe et on sent chez lui une joie sincère d’échanger avec nous: la raison en est horriblement simple, la junte birmane ayant construit son système sur la censure et la peur, notamment grâce a la délation anonyme, les birmans n’osent pas parler de « ces choses-la » entre eux, même avec leurs meilleurs amis, de peur d’être déclarés ennemis du régime et emprisonnes…

La ville de Bago recèle un nombre incroyable de temples et de Bouddhas, c’est certainement la ville qui en compte le plus en Birmanie. Nous commençons l’ascension d’un temple, la paya Intha, réputé pour les naths (esprits païens dont le culte est antérieur a Bouddha) qui l’habitent. Nous faisons une halte attirés par des chants. Une vielle femme en transe est en train d’invoquer les naths. Des hommes travestis en femmes l’aide dans sa transe en lui faisant de l’air ou lui donnant des cigarettes, petit à petit, elle à l’air de ne plus être maitre de ses mouvements. Les naths s’expriment à travers son corps. Je n’arrive pas à savoir si c’est son corps qui suit les chants et les percussions ou l’inverse. Probablement l’inverse. Quand les chants s’arrêtent, la vieille femme revient doucement à elle. Il parait qu’elle aurait tout oublié.

 


 

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P1110982Lorsque j’ouvre les yeux deux jours plus tard, un seul mot me vient a l’esprit : courbatures. J’ai mal dans tout le corps. Si nous avons résisté aux treks, nous ne pouvons pas en dire autant du pèlerinage au rocher d’or de Kyaikhtiyo. Il faut dire que nous n’avons pas choisi la voie de la facilité et avons décidé de faire le pèlerinage à pieds plutôt que de prendre le bus qui monte au sommet.

Afin d’éviter la chaleur, nous quittons notre chambre vers 5h30 du matin. Il fait encore nuit noire. Dans un parfait alignement, le fin croissant de lune et l’étoile du berger semblent nous montrer la voie à suivre. L’ascension commence donc dans l’obscurité et le silence les plus complets. Les échoppes qui jalonnent le chemin ne sont pas encore ouvertes et les habitants se réveillent a peine. Nous sommes partis à cette heure matinale pour éviter la touffeur permanente de la journée, rien à voir avec le lac Inle et les montagnes où soufflait toujours une brise légère, là c’est la cuisson permanente, et bien que le soleil ne soit pas encore levé, dès le départ nous sommes en nage.

Les habitants que nous rencontrons nous encouragent, il est clair que la plupart des touristes (et même des birmans) préfèrent prendre le bus et ils sont surpris de nous voir effectuer le pèlerinage en marchant, qui plus est a cette heure matinale. Tout au long de la montée, de nombreux moines jalonnent le parcours en attendant les offrandes des pèlerins.

Nous ne mettrons finalement que 4 heures pour atteindre le sommet. En chemin, nous profitons d’un panorama exceptionnel sur la foret alentours, sombre et préservée, qui semble s’étendre a l’infini. Montagnes et vallées brumeuses a perte de vue.

P1110983Nous passons le check-point et nous acquittons du droit d’entrée quand nous l’apercevons enfin. Il tient en équilibre sur le bord du précipice, on dirait qu’il joue avec les lois de la gravité. Nous sommes éblouis. La légende veut que ce soit un cheveu de Bouddha qui le retienne, et à bien l’observer, je ne vois pas d’autre solution. Vous ne pourrez pas bien le voir sur la photo mais le rocher est a peine posé, il effleure la montagne. Nous comprenons mieux le culte que vouent les birmans a ce site sacré, tout habitant de ce pays se doit de venir y déposer une feuille d’or dans sa vie. Tous les conducteurs accrochent a leur pare-brise la photo du golden rock comme porte-bonheur.

Nous redescendons quelques heures plus tard sous un soleil de plomb gardant dans la tête l’image de ce rocher entièrement recouvert d’or. De retour a Kinpum (ou nous logeons) nous n’avons plus qu’une seule idée en tête : nous enfermer dans le bungalow jusqu’au coucher du soleil avec la clim a fond ! Pas de chance, l’électricité est coupée dans toute la ville jusqu'à 18 heures… Nous passerons donc la journée dans cette moiteur toute asiatique qui fait tout le charme de cette région !!

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                    Départ un peu tôt...                                       Accès au rocher limité...

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De retour a Yangon, la veille du départ nous trouvons que ces 23 jours sont trop vite passés. Nous avions pourtant un programme chargé. Par chance, nous avons gardé le meilleur pour la fin :La paya Shwedagon ! Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant ce temple est une merveille parmi les merveilles. Nous nous attendions a quelque chose d’exceptionnel et nous n’avons pas été déçus. Nous nous engageons par l’escalier de la porte sud. L’entrée est démesurée. Nous ôtons nos chaussures et commençons à monter les marches. Si à ce stade la paya n’est pas visible, l’escalier n’en demeure pas moins impressionnant avec ses boiseries fines et son marbre. Nous progressons lentement pour profiter le plus longtemps de la fraicheur car en quelques semaines la température a fortement augmentée.

Des que nous franchissons l’enceinte de la paya, tout ce que nous voyons n’est qu’or. Tout cela semble irréel ! Il faut savoir qu’il y a plus d’or dans la paya Shwedagon que dans les coffres … de la banque d’Angleterre !!!! Et pour cause ! Des montagnes d’or s’élèvent de toutes parts. Au sommet du temple, sont incrustes des dizaines milliers de diamants et de pierres précieuses avec sur la pointe, un diamant unique de 76 carats.

Nous restons de longues heures à  arpenter et observer chaque recoin, nous voulons nous imprégner de l’atmosphère de ce lieu emprunt de ferveur et de spiritualité en attendant que la nuit tombe. Les chants lancinants et répétitifs des prières nous bercent et ne font que renforcer l’impression de sacré qui se dégage de la paya. Petit a petit l’obscurité se fait et la Shwedagon s’illumine. Encore plus éclatante qu’en plein jour, elle brille de mille feux. C’est la dernière image que nous emportons de ce pays. Nous regardons avidement autours de nous pour tenter d’en conserver le plus  possible dans notre mémoire.

Ce pays méconnu dont on parle uniquement pour des raisons politiques nous a grandement surpris. C’est un joyau de l’Asie. Sa culture, son architecture, sa cuisine et par-dessus tout ses habitants en font un pays d’une richesse exceptionnelle. Assurément l’une de nos plus belles expériences au cours de ce voyage.

Je fais un vœu avant de partir, celui de revenir pour explorer d’autres contrées car je sais qu’il y a encore beaucoup de belles choses a y découvrir.

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N
<br /> Superbe ! magnifiques paysages,et avons toujours beaucoup de plaisir à vous lire. Merci de nous faire "voyager" A bientôt.nicky eric<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci pour nous faire voyager aussi, les photos sont superbes et les commentaires bien évocateurs ! Oh que le retour va être difficile ....!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Le mot qui me vient, c'est "doré". Ca pique presque les yeux...<br /> Vos clichés sont toujours aussi forts en émotions.<br /> Prenez-en plein les mirettes les jeuns !<br /> Tata de nous à Nouméa, qui soufflons les trois bougies de notre chérubin ;)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Alors un tres bon anniversaire a Quentin de notre part ! Gros bisous<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> c'est le même mot qui me vient spontanément: magique!<br /> Toujours des explications intéressantes et de superbes photos, merci de ce partage.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Magique tout simplement !<br /> un petit article<br /> http://www.planete-elea.com/article-dans-les-yeux-d-aurelie-et-julien-une-etoile-nommee-birmanie-70007194.html<br /> <br /> Bonne continuation en Malaisie<br /> <br /> amicalement<br /> <br /> willy<br /> <br /> <br />
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